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Un résistant du Soissonnais, Maurice Dupuis


Joachim évoque un résistant de Crouy : Maurice Dupuis

Mesdames, messieurs,

La guerre est finie.

La victoire est acquise, mais comment ne pas rendre hommage aux hommes et aux femmes qui ont permis cette libération ?

Crouy te souviens-tu de tes héros ? Te souviens-tu de la Résistance ? Te souviens-tu de Maurice Dupuis ?

Comment pourrions-nous oublier ?
Comment pourrions-nous banaliser l’existence de tels hommes ?

Né en 1896 à Paris, Maurice Dupuis, dès son adolescence, s’est mis au service de l’État et des autres. Après la Première Guerre mondiale où il combattra dans les Dardanelles, il se mariera et travaillera à Cuffies dans la ferme de sa belle famille, les Tabarin. Melle Tabarin, son épouse, est une femme remarquable. Elle sera dans l’ombre mais restera son « alter ego ». Elle le secondera dans son travail et dans ses initiatives.

Dès 1942, Maurice Dupuis comprend que le combat contre l’occupant nazi ne peut se faire que de l’intérieur.
Il entre dans la Résistance, au réseau « Libération-Nord », secteur 2D, accueille et dissimule des aviateurs anglais, américains et canadiens.

C’est sous le grade de sous-lieutenant, en 1944, qu’il connaitra les horreurs de cette guerre et sera confronté aux atrocités du nazisme.

Arrêté puis conduit à la Kommandantur, place Mantoue à Soissons, avec les siens, il sera torturé mais restera muet. Son périple commence et l’itinéraire du voyage est horrible : camp de Royalieu, près de Compiègne, camp de Buchenwald, camp de Dachau.

Comme tous les déportés, il perd son identité et ne sera que le matricule 81.117.

Là, combien de compatriotes a-t-il vu mourir ? 10 ? 100 ? 1000 ? Comment est-il resté en vie ? Comment a-t-il pu rester lucide ? Comment a-t-il pu rester un être
humain ? Comment a-t-il pu échapper aux tortures, aux humiliations, aux expérimentations humaines et à la chambre à gaz ?

Délivré par les Américains en mai 1945, il ne pourra cacher sa joie et le bonheur de la libération de l’Europe. Malheureusement, il ne retrouvera pas les siens et mourra
du typhus le 19 mai 1945.

Que reste-t-il de la mémoire de Maurice Dupuis ?

  • un caveau au cimetière de Cuffies, parmi tant d’autres… ?
  • une légion d’honneur attribuée à titre posthume en 1955… ?
  • le nom d’une rue de Crouy que beaucoup d’Axonais empruntent sans savoir… ?
  • les lettres d’un aviateur canadien, encore en vie… ?

Non, il faut qu’il reste le symbole du combat, de la liberté et de la démocratie. Il faut que nous gardions en mémoire son action et son dévouement pour son pays. Je suis sûr qu’il nous déclarerait :

« Pardonner : oui ! Oublier : non !

Joachim Michel,
élève de 3ème A du Collège Maurice Wajsfelner


Cette évocation a été lue le samedi 24 mai 1997, sur la place de Crouy (02880), lors d’un rassemblement national de l’ARAC, en présence de la population de Crouy, d’anciens combattants et de jeunes du Collège. A cette occasion, deux autres résistants ont été honorés : Raymonde Fiolet et Léo Nathié.