Un enfant juif de Soissons, déporté en février 1944 et assassiné à Auschwitz
Qui était Maurice Wajsfelner ? Le message de deux collégiennes
Pour dire qui était Maurice Wajsfelner, le mieux est de laisser la parole à deux élèves de 3ème C du collège qui porte ce nom, Amandine SELHUM et Mariem EBBOU, dont le discours a été lu lors d’un rassemblement national de l’ARAC, sur la place de la mairie de Crouy, devant une assemblée d’habitants de Crouy, d’anciens combattants et de jeunes du collège, le 24 mai 1997.
« Nous sommes ici aujourd’hui avec l’ARAC pour commémorer les deux guerres mondiales. Durant la Deuxième guerre, les nazis firent des ravages. La déportation de milliers de personnes vers les camps de la mort marquera profondément les esprits à tout jamais. Parmi tous les déportés, nous allons aujourd’hui vous parler d’un enfant d’à peine 11 ans, Maurice Wajsfelner.
Il était juif et vivait à Crouy. Il allait à l’école de la mairie et allait entrer en 6ème. Il était né en juin 1933, l’année de l’arrivée de Hitler au pouvoir, en Allemagne.
Après la guerre 14-18, ses parents émigrent de la Pologne et s’installent à Crouy vers 1934-1935. A partir de 1940, la France est occupée par l’armée nazie. En 1942, les déportations commencent. Les nazis et les collaborateurs démarrent la « chasse à l’homme ».
Les Wajsfelner avaient déménagé du café aujourd’hui appelé « Le Petit Vatel » vers la rue Saint-Quentin à Soissons. Sa mère est arrêtée le 17 juillet 1942 à six heures du matin. Son père se sauve sur les toits. La police française ne prend pas Maurice car ils le trouvent probablement trop jeune, il n’avait alors que 9 ans. Pendant ce temps, Charles, le frère aîné de Maurice, est en zone libre. Son père le fait revenir à Soissons. Il le persuade de se rendre avec lui à la gendarmerie pour retrouver sa mère. Charles est réticent, mais il accepte finalement. Tous seront réunis à Drancy, puis dans le convoi qui arriva à Auschwitz le 29 juillet 1942, puis dans la mort atroce.
Maurice, lui, restera avec sa tante et sa cousine qui vivaient jusque là dans le même appartement que les Wajsfelner. Nous ne savons pas ce que Maurice a fait durant l’année et demi qui lui restait à vivre. Ce qui est sûr, c’est que Maurice n’a pas eu la vie d’un enfant de 10 ans qu’il méritait d’avoir. Il ne devait pas s’amuser comme les enfants qui ont 10 ans aujourd’hui peuvent le faire.
En janvier 1944, la Gestapo est venue chercher Maurice et la famille qui l’hébergeait, les Gochperg. Ils furent emmenés vers le camp de Drancy, puis vers la mort à Auschwitz. La petite des Gochperg était aussi du voyage, elle n’avait que 4 ans et n’a pas été épargnée.
Comment peut-on enlever la vie de milliers de personnes, sans même avoir honte ?
Nous, les jeunes, nous ne comprenons pas comment des néonazis peuvent encore adhérer à de pareilles idéologies. Comment peuvent-ils vouloir tout recommencer comme il y a une cinquantaine d’années ? Ont-ils oublié ce drame ? Ou veulent-ils simplement ne pas y penser ? Pourtant, il a existé, et c’est déjà un crime de ne pas en avoir conscience ou comme certains, de dire que ce n’est qu’un détail !
Heureusement, le nombre de personnes présentes ici aujourd’hui prouve que beaucoup de gens ne veulent surtout pas l’oublier et ne veulent pas revivre cela une seconde fois ! »
L’esprit d’un collège