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Un résistant du soissonnais : Léo Nathié

Obeline évoque un résistant de Crouy

Mesdames, messieurs,

A l’époque, en 1942, toute forme de résistance était interdite et sévèrement punie. Un arrêté préfectoral disait que la population ne devait pas venir en aide aux parachutistes anglais et qu’elle devait les dénoncer à la police. Mais heureusement quelques Français ne s’en souciaient pas, parmi lesquels Léo Nathié.

Je vais donc évoquer le souvenir de cet homme, résistant à Crouy, qui nous a quitté il y a déjà 34 ans.

Léo, comme on l’appelait, né le 4 juin 1899, passa sa jeunesse en Alsace, alors terre allemande. Après la Première guerre mondiale, il arriva dans l’Aisne et épousa Lucienne Menu en 1920. Il eut deux filles : Jeanne et Mireille. Il collectait le lait dans l’est du Soissonnais en carriole puis en camionnette. En mai 1940, la famille Nathié, ainsi que tous les habitants de la région, ont été obligés de quitter leurs maisons qui furent bombardées et presque entièrement détruites.

C’est en mai 1944 que Léo commença son acte de bravoure. En effet, un cultivateur de Condé-sur-Aisne lui confia un aviateur allié dont l’appareil s’était écrasé. Il était canadien et vivait dans l’Ontario. Il était marié et avait des enfants. La famille Nathié l’hébergea en secret pendant un mois jusqu’à la rafle chez Maurice Dupuis le 31 juillet 1944. Le Canadien quitta rapidement Crouy et réussit à se sauver. Il correspondit quelques temps avec ses sauveteurs français.

Léo et son voisin, Maurice, étaient très certainement impliqués aussi dans une affaire de dépôt d’armes. Ils commettaient donc des actes de résistance au péril de leur vie. Ces actions étaient très dangereuses.

En 1960, Léo reçut un diplôme pour son hospitalité envers l’aviateur par les Américains. Puis, il en eut un autre pour ses 28 années au conseil municipal, par la commune de Crouy.

Je trouve qu’il est normal de récompenser les gens qui mettent leur vie en danger pour en sauver d’autres. La commune de Crouy a donné le nom de Léo Nathié à la rue de Clémencins, en reconnaissance de ses actes, pour perpétuer sa mémoire. Elle a eu raison car, ainsi, personne n’oubliera le courage de cet homme qui, comme d’autres résistants, n’a pas hésité à s’opposer au nazisme. Imaginez, il y a eu en France près de 30.000 résistants qui furent fusillés et d’autres moururent dans les camps de la mort. C’est comme si aujourd’hui, on massacrait toute la population de Soissons : ce serait terrible et plus qu’inhumain !

Aujourd’hui, nous sommes en démocratie et nous avons beaucoup de libertés. Mais Hitler, lui, les avait supprimées. C’est en temps de guerre que l’on se rend compte des privilèges que l’on a perdus.

Cette guerre, comme la précédente, est une tragédie mais aussi une leçon de morale. Il faudra dorénavant tout mettre en œuvre pour que plus jamais de tels massacres ne se renouvèlent.

Toujours se remémorer, ne jamais oublier, ne plus recommencer les erreurs du passé, telle doit être notre devise désormais, à nous tous, citoyens français et futurs citoyens français.

Obeline Houël, élève de 3ème A du Collège Maurice Wajsfelner. Cette évocation a été lue le samedi 24 mai 1997, sur la place de Crouy (02880), lors d’un rassemblement national de l’ARAC, en présence de la population de Crouy, d’anciens combattants et de jeunes du Collège. A cette occasion, deux autres résistants ont été honorés : Raymonde Fiolet et Maurice Dupuis.