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Les mesures anti-juives se sont-elles étendues à la zone non occupée ?

Pourriez-vous me dire si le port de l’étoile jaune est obligatoire aussi en zone dite libre en France ? Si non, Vichy avait -il un projet ? Après l’occupation de la zone libre si le port n’était pas obligatoire auparavant le devient – il ?
Merci pour ces renseignements.

Cordialement
Y. Cadoret professeur d’histoire à Saintes (17)
au lycée de Bellevue

Le 11 novembre 1942, à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord, les nazis envahissent la Zone Sud.

Comment les mesures antijuives se sont-elles étendues dans le Sud de la France ?

Dans un premier temps, l’application de la législation antijuive se fait par une loi du 11 décembre 1942 qui oblige les Juifs à faire apposer sur leur carte d’identité la mention
« JUIF ». Mais cette mesure se heurte à l’opposition des autorités civiles et militaires italiennes qui occupaient une partie importante du Sud-Est de la France (Nice, la Savoie…) (Intervention de M. Calisse, Consul Général d’Italie).

carte identite 1943
Nouveau procédé mis en oeuvre à partir d’août 1943
sur les cartes d’identité françaises : la perforation

De grandes rafles sont organisées en zone Sud (Rafle de Marseille en janvier 1943) hors de la zone italienne, avec la complicité de Bousquet, mais sans que le port de l’étoile ait été établi.

Bousquet, secrétaire général de la Police Française
et les S.S. pendant la rafle de Marseille.
Bousquet, secrétaire général de la Police Française
et les S.S. pendant la rafle de Marseille
.
(Bousquet est l’homme au sourire épanoui et col de fourrure)
Images de la rafle de Marseille, janvier 1943
Images de la rafle de Marseille, janvier 1943
Images de la rafle de Marseille, janvier 1943

Darquier de Pellepoix, commissaire aux questions juives du gouvernement de Vichy, prépare en décembre 1942 un 3ème Statut des Juifs qui ne verra pas le jour. En Février
1943, le « Petit Parisien » l’interviewe et il évoque ses projets. Parmi ceux-ci, il y a le « port de l’étoile jaune en zone non occupée ».
Dans un rapport du 12 février 1943, Knochen évoque l’opposition de Pétain et du gouvernement de Vichy à l’introduction de l’étoile jaune en France, ainsi qu’à l’extension des mesures antijuives aux Juifs français. Ce qui n’empêche pas les arrestations et déportations de Juifs étrangers. Seuls s’y opposent véritablement les Italiens, ce qui irrite Vichy et la Gestapo. Un entretien  officiel du Ministre des Affaires Étrangères du Reich Ribbentrop avec Mussolini, le 25 février 1943, n’y change rien.
Laval promet dès août 1942 la dénaturalisation des Juifs français naturalisés après 1933, puis après le 1er janvier 1932, puis après le 10 août 1927, mais la pression de l’opinion (rapports des préfets et attitude de certains évêques) fait que la loi est retardée. Un projet est élaboré en avril 1943, mais c’est seulement en juin 1943 que la loi est signée.
En juillet, Laval décide de stopper la promulgation de cette loi.

darquier a roetke
Lettre de Darquier de Pellepoix, commissaire aux questions juives, à Roethke, chef du Service des Affaires Juives de la Gestapo, juin 1943

COMMISSARIAT GÉNÉRAL
AUX QUESTIONS JUIVES
———
CABINET

ÉTAT FRANÇAIS
——–

Paris, le 11 juin 1943
1, Place des Petits Pères (2e)
+ CENtral 01-52

 Cher Dr Roethke,
     Je vous envoie la copie de la note que j’adresse au Chef du Gouvernement vu les observations que je crois de mon devoir de faire sur le texte nouveau.
     J’adresse par le même courrier au Chef du Gouvernement une lettre personnelle au sujet de la surprenante procédure employée pour mettre au jour ce décret !
     Croyez, je vous prie, à mes sentiments les plus distingués

Darquier de Pellepoix