Présentation de l’auteur : Dominique Natanson
Dominique Natanson a déjà publié trois nouvelles dans son ouvrage « La mémoire juive en Soissonnais» où il retrace le sort de la petite communauté juive de Soissons. Cet ouvrage, en partie réalisé avec les élèves de 3ème dont il est le professeur d’histoire, a reçu le « Prix Corrin contre la banalisation et l’oubli de la Shoah » . Il a été longtemps enseignant dans un collège qui a pris le nom de Maurice Wajsfelner , enfant juif de Soissons déporté à Auschwitz en 1944.
Il est actuellement professeur au Lycée Gérard de Nerval de Soissons.
Il est l’animateur du site » Mémoire juive et Education «
Ses nouvelles ont paru sous le titre « Dernières nouvelles de l’absence » aux Éditions Le Décaèdre, en 2002. Il a publié ensuite un autre recueil de nouvelles sous le titre Oubliez toutes ces histoires !, aux éditions de L’échelle du temple, 2018.
Deux romans évoquent aussi la Shoah : On ne sait pas grand-chose de la vie de A. et Mutineries de l’imaginaire, à L’Échelle du temple, 2018 et 2023.
Il a aussi écrit « J’enseigne avec l’Internet, la Shoah et les crimes nazis » (Éditions du CRDP de Bretagne, Rennes, 2002).
Histoire-fiction ?
Dans un texte de 1992, il s’explique sur l’utilisation de la fiction à propos d’évènements historiques aussi graves :
Pourquoi placer de la fiction dans un ouvrage sur la mémoire juive ? La réalité n’est-elle pas assez douloureuse ? Ne court-on pas un danger, à l’heure où les négationnistes fabriquent de l’Histoire-fiction, en mêlant la fiction à l’Histoire ?
Toute recherche sur ce sujet, pour nécessaire qu’elle soit, pour éducatifs que puissent être ses buts, ne comble pas l’immense vide qu’elle crée par elle-même. On aura beau retracer dans le détail l’itinéraire des disparus, on n’aura fait qu’accuser le vide. Tout se passe comme si l’historien de la déportation courait après les vies perdues : plus il les retrouve, plus il les perd.
La mémoire juive après Auschwitz, c’est la mémoire de l’absence. Et la douleur de l’absence passe parfois par des modes d’expression qui permettent mieux la manifestation de la sensibilité.
Car, nous restons là, les bras ballants, décontenancés par l’horreur de nos trouvailles dans les archives, essayant de comprendre et ne comprenant pas, malgré la rigueur de la démarche historique.
Et nous sommes là, tellement solidaires des victimes que nous nous étonnons de ne pas être morts avec elles. Car la mémoire juive après Auschwitz recèle aussi une certaine forme de culpabilité.
Les nouvelles qu’on va lire jouent de cet aller et retour de la mémoire, entre le passé et le présent. Nous ne savons plus toujours où nous en sommes, comme « Le musicien », dans cette traversée du temps et de la ville. Les lieux sont désormais hantés : l’appartement de « La bataille de Koursk » tout comme les rues de Soissons dans « Le dénonciateur ».
La mémoire soumet les lieux où nous vivons à une véritable occupation. Elle campe sur place.
Pour toujours.