Maël Caret, élève de 3ème du lycée français de La Marsa (Tunisie), me demande, après lecture du statut des juifs d’octobre 1940, qu’est-ce qui faisait d’un individu un juif ? Etait-ce un élément de son identité, de sa carte d’identité ? Qu’est-ce qui « fait » un juif en 1940 ?
Au départ, il n’y a rien qui indique que l’on est Juif. Mais assez vite, il faut, pour pouvoir exercer certains métiers, démontrer que l’on n’est pas Juif.
Par exemple, tous les fonctionnaires doivent remplir leur arbre généalogique et déclarer sur l’honneur qu’ils ne sont pas juifs.
On voit bien comment, ici, c’est la sonorité des noms qui est en cause.
Si un Français d’origine juive veut « tricher » sur son origine,
on lui demandera des prouver que ses grands-parents ne sont pas juifs avec un certificat de baptême, par exemple.
Assez vite, les Juifs reçurent l’obligation de se présenter dans les commissariats et de faire tamponner leur carte d’identité :
M. R. fut arrêté, torturé, déporté à Mauthausen et survécut à la guerre.
Quatre membres de sa famille, arrêtés en 1944 à Villers-Cotterêts, furent déportés dans le convoi n°67 vers Auschwitz où ils furent assassinés.
Il y avait la possibilité de ne pas se faire déclarer, mais c’était courir un risque. Les Juifs étrangers, déjà soumis à des obligations de renouvellement de leurs papiers durent se déclarer dans les commissariats. Les Juifs français, confiants dans la République Française, dans la patrie des Droits de l’Homme, firent confiance aux autorités et se firent presque tous recenser comme Juifs…
Il faut quand même ajouter que quelques Juifs ne se feront pas déclarer comme tels et réussiront à passer au travers de la guerre sans être inquiétés. Je connais quelques cas dans la région parisienne.
C’était possible à la condition :
- de ne pas porter un nom visiblement juif
- de ne pas être étranger obligé de renouveler ses papiers dans un commissariat
- de ne pas être dénoncé comme juif par des voisins.