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Les Juifs allemands face à la déportation

Pauline, du Collège Saint-Exupéry à Bourges (18), demande : Combien de Juifs Allemands ont-ils été déportés ? Quels ont été leurs réactions ?

La plupart des survivants avaient fui l’Allemagne et vivaient dans un autre pays.

Voici un témoignage de la manière dont les Juifs allemands ont vécu la persécution.

LA PERSÉCUTION ANTISÉMITE

Les petits nazis, les enfants, qu’on appelait « jungvolk » – les jeunes – portaient des petits shorts noirs, des chemises brunes et des cravates noires. C’était les jeunes. C’était mes camarades d’école. Après 1933, ils venaient à l’école en uniforme. Au lycée, j’étais toujours un garçon très populaire et je sortais avec deux amis de lycée qui n’étaient pas juifs. Pour tout dire, ils étaient membres de la jungvolk, la Jeunesse nazie. Je leur ai demandé : « Eh bien, qu’est-ce que vous avez contre les Juifs ? » ou quelque chose dans le genre. Ils m’ont répondu : « On n’a rien contre toi. S’ils étaient tous comme toi, tout serait parfait. Ce sont les autres Juifs que nous n’aimons pas. » C’était le genre de conversation que j’avais avec mes amis. A cette époque, ils lisaient le journal Der Stûrmer, qui était une feuille raciste avec des caricatures de Juifs avec des longs nez, des cheveux noirs, de toute façon des gens avec des physiques repoussants. C’était un journal de propagande… Bref, ils lisaient ça, et leur représentation du Juif c’était quelqu’un de repoussant, de pitoyable. Et c’est ce qui s’est produit un jour avec ma mère qui était venue me chercher à l’école. Ils m’ont demandé
le lendemain matin quand je suis retourné à l’école : « C’était qui la sale Juive qui est venue te chercher hier ? » J’ai répondu : « C’est ma mère. » « Mon Dieu, ils se sont exclamés, tu devrais avoir honte d’avoir une mère comme ça. » Je me suis battu, je pense, parce qu’ils avaient insulté ma mère. Je suis rentré à la maison en larmes et j’ai dit à ma mère : « S’il te plaît, ne viens plus me chercher parce que les garçons me font des ennuis », et je lui ai raconté ce qu’ils avaient fait. Elle s’est sentie terriblement offensée et elle a éclaté en sanglots.
UNE SEULE IDÉE : PARTIR
Nous n’avions qu’une seule idée, partir. Les seules associations juives autorisées étaient celles qui organisaient l’émigration. Elles étaient tolérées pour la simple et bonne raison qu’elle expédiaient les Juifs hord du pays.

Frank S., né en 1921 à Breslau, Allemagne
a réussi à fuir l’Allemagne avec sa famille en 1938 et s’est réfugié en Angleterre

Parmi les familles juives d’Allemagne qui partent ainsi, il y a  la famille Frank (voir la page sur Anne Frank)

Ceux qui ne parvinrent pas à quitter l’Allemagne furent presque tous pris. Voici le témoignage de l’arrivée au camp d’Auschwitz d’un Juif allemand :

L’ARRIVÉE A AUSCHWITZ

C’était Auschwitz. C’était incroyable comment ils avaient organisé le tri des gens. JJ y avait toujours ces beuglements, les Allemands avec leurs armes. (On nous a demandé) de laisser tout ce que nous possédions à l’intérieur. On le récupérerait plus tard. Nous sommes sortis des wagons de marchandises en un n’en de temps. En quelques minutes, pas plus, ils avaient séparé un millier de personnes – les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. C’est bien connu, TOUS voyez. Un côté signifiait la mort, l’autre côté irait peut-être dans le camp d’Hitler. Mais on ne savait pas. On ne savait vraiment pas. Ils ont sélectionné trois cents hommes, et nous avons été chargés dans des camions. Comment ils faisaient, ils retenaient ceux qui n ‘étaient pas trop vieux, mais pas les enfants, ceux qui étaient forts. Nous avons été emmenés à Auschwitz III, Buna. On y construisait un grand complexe chimique où ils voulaient fabriquer du caoutchouc synthétique, l’usine I.G.Farben. 
Aussitôt (nous avons été) conduits dans une salle où on nous a enlevé tous nos rêtements civils. On nous a rasé les cheveux, tous les poils du corps. Ça allait si vite, tout, le travail était fait par d’autres prisonniers. Vous voyez, les gardiens attendaient, le sale boulot était fait par des camarades prisonniers. Nous étions nus, nous avons pris une douche, puis j’ai eu mon numéro tatoué, c’est le
117022. C’était supposé être mon nom. Je n’avais plus de nom. Voilà.

Walter S., né en 1924 à Steinbach, Allemagne
tombé malade à Auschwitz, il est secouru par un ami infirmier, tranféré à Buchenwald, puis à Altenburg,
sauvé par une gardienne contre la promesse de témoigner pour elle en 1945.

Voir aussi : La Nuit de Cristal (1938)
Les Juifs de Berlin